La passion de Jiří Menzel est le théâtre - sa carrière cinématographique s'est déroulée plutôt par hasard. Malgré cela, le Tchèque de 77 ans peut compter Miloš Forman, Vera Chytilova, Ken Loach, Emir Kusturica et Istvan Szabo, entre autres, auprès de ses fans et amis. István Szabo se considère même comme le plus grand fan de Menzel de tous les temps.

Pour la première fois, FAIRE UNE COMÉDIE N'EST PAS AMUSANT raconte l'histoire de ce cinéaste d'exception.

En 1968, le cinéaste tchèque remporte l'Oscar du meilleur film en langue étrangère avec Trains étroitement surveillés (au Royaume-Uni: Trains étroitement observés), à seulement 28 ans. Il n'est cependant pas impressionné par Hollywood. Le Tchèque transpire du sang lorsqu'il est présenté à un Hitchcock égocentrique lors d'une fête à Los Angeles et doit cacher le fait qu'il n'a pu voir qu'un de ses films derrière le rideau de fer. Il a également vécu la cérémonie des Oscars plutôt comme une satire de la vie réelle que comme une célébration scintillante.

Comme l'offre vient - d'un agent avec lequel il a été mis en contact par Roman Polanski - de déménager de Prague à Los Angeles pendant deux ans pour apprendre l'anglais et chercher des idées de films appropriées, il la refuse. Le jeune Menzel résiste au rêve américain qui lui est essentiellement remis sur un plateau d'argent et, à la place, préfère retourner en Tchécoslovaquie communiste où il accroche son diplôme de l'Académie sur le mur de la salle de bain. Ce n'est pas une conviction politique qui le conduit à cette décision mais une décision humaine. Il se sent obligé envers ses compatriotes.

De retour à Prague, il lutte dur pour gagner sa vie et contre la censure politique. Il garde la tête hors de l'eau avec des emplois d'acteur occasionnels qui lui sont proposés par des collègues étrangers (par exemple Costa-Gavras). Son premier film après l'Oscar, Larks on a String, est interdit en 1969 et interdit au coffre-fort de l'État. Il faut 21 ans pour que le film puisse être présenté en première internationale à la Berlinale en 1990 - et remporte rapidement l'Ours d'or.

Dans les années entre la suppression du printemps de Prague et la soi-disant révolution de velours à la fin des années 80, Jiří Menzel doit apprendre à s'adapter au régime détesté. Malgré l'interdiction d'emploi de Barrandov, les studios de cinéma gérés par le gouvernement à Prague, il reste employé: il doit lire des livres et expliquer par écrit pourquoi ils ne sont pas adaptés pour être transformés en films. Menzel prend le revers avec humour.

Il réussit à revenir avec un film prolétarien. Ses projets de suivi sont un grand succès auprès du public tchécoslovaque et font exploser le budget de la direction du parti - ils sont trop réussis pour être récompensés! Seclusion Near a Forest et Cutting It Short sont deux de ces succès au box-office des années 70. Ces genres populaires sont des comédies qui célèbrent le retrait dans la vie privée et des drames costumés qui honorent les traditions tchèques telles que la brasserie et les plats de porc - mais exposent Menzel aux critiques de ses collègues. La réalisatrice et scénariste tchèque Vera Chytilová doute de la valeur artistique et de la signification universelle de ces œuvres. Au contraire, Miloš Forman repère une stratégie de survie typiquement tchèque: affronter le chagrin avec humour et bière! Jiří Menzel lui-même considère que sa mission dans son pays d'origine est remplie: «Je me dis qu'ils rient. C'est pourquoi j'ai fait quelque chose pour leur santé. »Et il parvient à cacher ses messages politiques d'une manière que le régime ne les perçoit pas.